Cheikh Chouhaïbou Mbacké : l’orthodoxie dans le
soufisme
Né en 1918 à Diourbel
au cinquième (5e) jour du mois de Ramadan, Serigne
Chouhaïbou Mbacké est le fils du très vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du
Mouridisme, et de la vertueuse Sokhna Mariama Diakhaté. Celle-ci, fille de Serigne
Mouhammadou Asta Diakhaté et de Sokhna Dieng Sylla, fut issue d’une ascendance qui
se distinguait par sa bonne maîtrise du Coran, sa piété et ses nobles qualités morales.
Serigne Chouhaïbou fut initié au saint Coran sur une tablette par son illustre père et
Guide spirituel. Ensuite, sur instruction du Saint-Homme, Serigne Chouhaïbou fut
emmené chez son oncle Serigne Alassane Diakhaté qui lui a appris le Livre saint. Au
cours de son apprentissage coranique, Cheikh Chouhaïbou fut invité par son vénéré père à
se présenter
à lui, en compagnie de son oncle Serigne Hamzatou Diakhaté. Le Saint-
Homme lui rendit alors des honneurs extraordinaires en lui préparant, de ses propres
mains, du thé qu’il lui servit avec beaucoup
de bonheur. Qui plus est, il lui gratifia
même
de tous les ustensiles et accessoires ayant servi à la préparation du thé (théière, tasses,
plat…). Cheikh Ahmadou Bamba lui expliqua les raisons pour lesquelles cet honneur
exclusif lui fut rendu par son souci de voir le jeune apprenant faire preuve de passion et
d’engagement sacerdotal dans l’enseignement du Coran. Cheikh Chouhaïbou fit alors sien
ce vœu pieux de son père et Maître spirituel durant toute sa vie.
Au terme de sa maîtrise du Coran qu’il a intégralement restitué à plusieurs reprises
dans une belle calligraphie, Serigne
Chouhaïbou a appris les sciences religieuses auprès
de l’Imam Serigne Habibou Mbacké. Cheikh Chouhaïbou fut remarquable de par son
dévouement à l’enseignement du Coran qu’il a inculqué à un nombre considérable de
petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba et à d’éminentes personnalités du Mouridisme. Il
avait fini même par ériger son propre domicile
en centre d’Enseignement et d’Education
communément appelé daara.
Eu égard au culte permanent qu’il vouait au Tout-Puissant
à travers les nombreux
actes de dévotion et aux activités d’enseignement, d’éducation et de recherche auxquels il
se livrait
constamment, Serigne Chouhaïbou était resté dans la ville sainte de Touba de
1945 à 1991, date de son rappel à Dieu survenu au lendemain du Leylatul Qadr (célébré à
l’époque dans la nuit du 19e jour du Ramadan).
Aboo Madyana (« père de la ville»), le surnommait-on à l’image de son illustre
homonyme le Prophète
Chouhaïb (PSL), était incontestablement un grand homme de
Dieu. Selon Serigne Habibou Mbacké, le fait qu’il ait édifié une mosquée avant même de
bâtir sa propre maison suffit pour en attester. Quant à sa vaste érudition, il suffit de
consulter son ouvrage encyclopédique Qurratul ‘Ayni ou ses autres ouvrages en langue
arabe tels que Nayloul Awtâr, Ousoulout-tasawwouf, Bouhyatul Moustafîd etc. pour se
rendre à l’évidence.
Cheikh Chouhaïbou ne disposait pas seulement d’un vaste savoir exotérique mais
était imbu de connaissances ésotériques. A titre d’exemple, dans son ouvrage intitulé
Cheikh Chouaibou
: un modèle, une source d’inspiration
pour un Islam pur, Elhadji
Madické Wade cite ces propos de l’éminent érudit qui leur déconseillait de dormir dehors
la nuit à des heures tardives : « C’est très tard dans la nuit que certains anges désignés par
Dieu transfèrent les sépulcres des hommes à leur véritable place. Généralement, nous
enterrons nos morts là où il ne faut pas. Dieu, l’Omnipotent et l’Omniscient charge alors
ses anges de remettre de l’ordre. Aux grandes heures nocturnes, ils sillonnent les espaces
aériens. Lors de ce mouvement,
il se détache du suaire qui couvre le mort du sable fin qui
vient se verser sur terre et qui est nocif aux êtres humains…Si
vous êtes obligés de
coucher dehors, faites-vous alors couvrir par un toit, même temporaire, pour éviter de
recevoir ce sable ».
Serigne Chouhaïbou, somme toute, se distinguait par des qualités comme la piété,
l’affabilité, l’ascétisme, l’humanisme et la philanthropie. Il ne s’est jamais affiché devant
un écran de télévision, n’a jamais parlé sur les ondes d’une station de radio. Son
détachement notoire du Bas-monde, son attachement à la Charia et à la Sounna du
Prophète (PSL), son engagement au service de l’Islam
et à la promotion de ses valeurs
authentiques et son investissement personnel dans la vulgarisation du Message de Serigne
Touba pour qui il vouait du reste un amour profond lui valurent
le respect et l’admiration
de tous ses frères et sœurs mais aussi de tous ses coreligionnaires.
Puisse Dieu gratifier ce preux chevalier
de la Foi et de la piété de Son Agrément
éternel et nous faire bénéficier de ses qualités exceptionnelles.
Cheikh Amadou Bamba Seye, professeur d’anglais et doctorant aux USA
email :khadimulfadlu@hotmail.fr