Le Cheikh Ahmadou Bamba fut créé pour diriger les hommes en appliquant la politique du Messager de leur Seigneur. C’est pourquoi le monde lui était soumis comme il était accepté par tous après que son amour ait été proclamé au ciel. A ce propos, le Prophète dit dans un hadith cité dans le Sahîh : « Quand Dieu aime un serviteur, Il convoque Gabriel et lui dit : « J’aime un Tel, alors aimez-le ! » Gabriel l’aime et déclare à la communauté céleste : « Dieu aime un Tel, alors aimez-le ! » Ils l’aiment, et on le rend aimable sur terre ». Tel fut le cas de notre Cheikh Ahmadou Bamba à qui Dieu a accordé une connaissance inné et l’a maintenu dans la droiture et a tourné vers lui les cœurs que la lumière de ses vertus a éclairés et guidés après leur soumissions. Cependant, il fuyait les hommes pour se réfugier auprès de Dieu Le Très-Haut tandis que les hommes fuyaient leurs âmes pour se réfugier auprès de lui. Dieu lui a appris à les diriger conformément à la Sunna de Son Prophète (SAWS) et facilité à ses Mourides l’acceptation de sa direction. Élevé dans la crainte de Dieu et dans la bienfaisance, il a maintenu ces vertus en tant que dirigeant. C’est pourquoi il n’a pas dévié de la religion et n’a jamais eu besoin [d’un autre que Dieu] et ne s’est jamais fait humilier pour obtenir un don. En revanche, il s’est contenté du chemin tracé pour lui par le Seigneur de l’existence, chemin éclairé par la lumière divine découlant du soin éternel dont il était entouré par son Seigneur Le Puissant et Majestueux qui fait ce qu’il veut et réserve Sa pitié à celui qui Lui plaît et qui est le Très-glorieux allié. Ceci est nécessairement connu de tous ceux qui l’ont fréquenté… Ibn Ata Allah dit : «Dieu montre nécessairement à Ses serviteurs celui parmi Ses alliés dont Il veut faire un prédicateur, car ce n’est qu’ainsi que les prédicateurs doivent être connus. Puis il faut que la vérité [prêchée par le prédicateur] soit parée de la majesté et l’éclat [du prédicateur]. Pour sa majesté, les serviteurs le respectent et observent une conduite correcte à son égard. En plus, Dieu place son respect dans le cœur des serviteurs. Grâce à ce respect, Il l’aide à accomplir sa mission consistant à faire triompher la foi. Dieu Le Très-Haut dit à ce propos : « Allah viendra au secours de celui qui vient à Son secours ; [il viendra au secours] de ceux qui, si Nous les établissons sur terre, sont assidus à la prière, etc. »(Sourate 22,versets 41,42). Ce respect relève d’ailleurs de la puissance qu’Il accorde aux croyants dont Il dit : « La puissance appartient à Allah,à Son messager et aux croyants… » (sourate 63,verset 8). Du reste, ce respect découle du prestige du Guide (Salla lah alayhi wa salam) qui a dit : « La victoire m’est donnée grâce à la crainte [que j’inspire à mes ennemis]… ». Un des Mouride convoqués à Saint Louis, après l’exil du Cheikh, par le gouverneur général qui voulait les arrêter, m’a raconté qu’à peine ont-ils pris leurs places dans le bureau du gouverneur qu’une frayeur les envahit et affectât leurs visages, et que le gouverneur les renvoya sans les laisser dire un seul mot et sans les interroger ; il les chassa et les injuria en leur disant : « Retirez-vous ! Allez où vous voulez ; vous n’êtes rien ». Ces mesures contradictoires et ses opinions opposées et cette impatience devant une situation créée par lui-même, les étonnèrent fort. En tout cas, ils regagnèrent leurs villages après avoir rempli plaines et montagnes de menaces ! Un de ceux qui assistèrent à cette audience m’a raconté qu’il a vu l’image de notre Cheikh Ahmadou Bamba vêtu de blanc et qui voltigeait au tour des mourides réunis chez le gouverneur. Cela lui ayant été révèle, il [le raconteur] était convaincu que la frayeur qui les avait saisi, et distraits, de leur projet provenait de cette force spirituelle qui les escortait, force émané de la lumière de la puissance divine ! Ceci confirme l’exactitude des propos d’Ibn Ata Allah. En effet, cette puissance [extraordinaire] est un don prophétique étendu sur lui [Cheikh Ahmadou Bamba] et dérivé des faveurs divines qui se reflétaient dans la spécifique vénérabilité du Prophète(SAWS). Elle est également un souffle de ces vents puissants qui contribuaient décisivement à la victoire du Prophète même quand il se trouvait à un mois de route de son ennemi… La distance entre Saint-Louis et le Gabon était parcouru en environ un mois par les bateaux ! Par ailleurs, l’amour des hommes pour Cheikh Ah. Bamba dépassait toute description. Ils l’aiment à tel point que chaque fois qu’il s’asseyait dans un lieu du désert ou priait dans un endroit quelconque dans les villages ou dans les villes ou dans les déserts qu’il traversait dans ses voyages, ils envahissaient ces lieux pour y chercher la baraka obtenue grâce au contact direct avec ses vestiges. De même il n’offrait un vêtement en cadeau ni touchait une chose quelconque sans que le vêtement ou la chose fussent considérés par leur receveur comme le plus cher de ses biens. Ses écrits et poèmes étaient surtout considérés par celui qui en obtenait comme ses meilleures acquisitions. A côté de cela il y avait d’autres pratiques semblables à celles attribuées aux compagnons et aux ancêtres pieux comme la recherche de baraka dans les vestiges des Saints. Cette pratique n’est pas inconciliable avec ce hadith : « Ne sellez une bête de somme pour vous rendre à un autre lieu que les trois mosquées … » car même si les autres mosquées sont égales en valeur, des hommes demeurent supérieurs en mérites d’autres comme Al-Ghazali l’a dit. Commentant le hadith de Al-Hudaybiyya où Ourwah Ibn Mas’ûd, alors envoyé des troupes Quraychites, dit : « Par Dieu, le Messager de Dieu ne jetait par le nez ou par la bouche une pituite sans qu’un d’entre eux (les compagnons) l’attrapât et se frottât le visage avec elle, et quand il donnait un ordre, ils l’exécutaient rapidement, et quand il faisait ses ablutions, ils se bousculaient pour prendre le reste de l’eau utilisée à cet effet ; et quand il parlait, ils abaissaient leur voix ; et, par [excès] de vénération, ils ne le fixaient pas ». Commentant ce hadith, Ibn Hajar, l’auteur de « Fathou al-Bâri » dit : « il indique la propreté de la pituite ainsi que les poils coupés et la licéité de la recherche de baraka dans « les restes » propres des pieuses gens ». Je pense que celui qui a vu notre Cheikh (Ahmadou Bamba) vivre avec ses vrais Mourides a pu constater combien leur comportement avec lui ressemblait à celui des compagnons du Prophète (SAWS). Par Dieu, à peine achevait-il ses ablutions que les Mourides se précipitaient non seulement sur le reste de l’eau [utilisée dans ses ablutions], mais aussi sur le sol mouillé par l’eau ! Et aucun d’entre eux ne trouvait une pituite du Cheikh ou le reste d’une eau [utilisée par lui] conservée dans un bol, ou un vêtement de lui, sans qu’il considérât le jour où il trouva cela comme le plus heureux de ses jours ! Ce comportement relève d’un vif sentiment d’amour et non d’un enseignement ou [souci] d’imiter les prédécesseurs. A vrai dire, il découlait de leur conscience de la grandeur de Dieu Le Très-Haut qui se manifestait à eux à travers la conduite de leur Cheikh. Dans son livre intitulé Al-Awârif, Al-Sahrâwardi dit qu’un jour, un vêtement que son Cheikh lui avait offert, était tombé par terre et que [par erreur] il l’a foulé du pied. Quand il s’en est aperçu, il a tremblé de sorte que ses cheveux se sont dressés ; il a remercié Allah alors pour ce vif sens intérieur (wijdân). De même les Mourides de notre Cheikh n’ont pas reçu de sa part l’ordre de chercher de la baraka en lui. Mais ils l’ont fait spontanément parce qu’éblouis par sa luminosité due à sa pénétration des saintes réalités. D’ailleurs ils l’ont aimé éperdument. Un homme sûr m’a raconté que le premier qui se comporta à son égard de cette manière fut Cheikh Ibrahima FALL. Ceci m’a été confirmé par la suite par notre Cheikh lui-même qui m’a dit qu’Ibrahima FALL l’avait accompagné dans un voyage et que, quand ils descendirent dans un endroit situé dans les faubourgs de Mbacké-Cayor pour accomplir la prière et que le Cheikh se mit à faire ses ablutions, Ibrahima FALL se mit à attraper l’eau coulant des membres du Cheikh et en avalait et se frottait le corps. Notre Cheikh (Ah. Bamba) dit : « Ce qui est étonnant, c’est que je n’avais jamais vu quelqu’un traité de cette façon, et le mouride lui-même ne l’avait pas vu et ne l’avait pas non plus lu dans les livres ». Il en était de même pour leur abaissement de leurs [les mourides] voix et de leurs regards [en sa présence], abaissement que leur imposait la puissance de sa crainte révérencielle de Dieu, bien qu’il fût le plus indulgent des hommes, le plus doux et le plus humble. Cette vénération reflétait l’extension sur le successeur de la baraka de son prédécesseur [le Prophète]. En effet, les rayons de la lumière obtenue par le Cheikh grâce à l’obéissance au Prophète ont jailli sur le cœur des Mourides abreuvés de surcroît de vin de l’amour et de la révérence qu’inspirait au Cheikh la grandeur du mérite et de la puissance de son patron (Mohammed(SAWS).). Cependant, le Cheikh (Ah. Bamba) reprouvait souvent la vénération dont il faisait l’objet de la part des Mourides. Mais loin d’eux l’idée de s’en abstenir puisque son état spirituel leur révélait la réalité de son dévouement reflété dans son acquittement de se obligations de serviteur, et que son profil scintillait grâce aux éclats de sa beauté émanant de l’éblouissante lumière de la meilleure des créatures, lumière que faisait irradier sur lui son amour du Prophète (SAWS) et son persévérant effort de se rapprocher de lui. A propos de ses rapports avec le Prophète, le Cheikh dit : « La présence de l’Elu, le meilleur des hommes (qu’il soit béni par Celui qui m’a apporté les bonnes nouvelles) est perceptible en moi par l’œil de quiconque me regarde. Qu’il soit donc béni par Celui qui m’a protégé du mal ». D’autre part, pour indiquer que le Seigneur Le Puissant et Majestueux a pourvu l’âme de Ses élus d’une puissance extraordinaire, le Prophète (SAWS) a dit : « Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui rappellent Dieu par leur seule présence ». Extrait de Minanul Bâqil Qadîm de Cheikh Mouhamed Bachîr Mbacké

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