J'écris Serigne Saliou l'admirable comme on peut dire et écrire Serigne Touba l'admirable. Entre les deux, malgré la différence des contextes, la même épithète me revient à la mémoire, parce que, de part et d'autre, ce qui frappe c'est cette volonté analogue à la Tarbiyyah (l'éducation spirituelle), une "égale" passion de l'Absolu. A cet effet, osons le mot, l'admiration de l'admirable pour rendre hommage à deux hommes exceptionnels dont les parcours sont exceptionnels. L'admiration comme le notait Spinoza qui tient à marquer son refus, s'adresse à une exception. Or l'exception, comme le miracle, ne relève pas du savoir. Ici, je rendrai hommage à Serigne Saliou qui revient toutefois à rendre hommage à Serigne Touba.
Des différents caractères de Serigne Saliou, c'est bien son détachement du bas monde qui m'a le plus marqué. Sa richesse allait si bien avec son détachement, et avec son effort constant pour se dépouiller du superflu certes, mais aussi parfois du nécessaire. A ce détachement qui, chez lui, s'allie à l'attention aux plus modestes, il fait référence "mes frères serviteurs". Quelle modestie ! . Malgré l'âge, le rang, l'aura, Serigne Saliou cherchait le contact avec les modestes, les pauvres... Mais ce qui frappe et remplit l'admiration, dans une vie aussi riche d'ardeur et d'actions que d'insatiable dévouement, c'est la grâce d'un vouloir indomptable, le souci à l'éducation et l'ouverture au monde. Il refusait aussi énergiquement le divertissement que l'étroitesse d'esprit et de comportement. Qu'il s'agisse de l'Islam, d'actions dans la vie quotidienne, on retrouve, en ces différents domaines, les aspects qui lui valent le titre : l'admirable..
S'agissant de l'Islam , on peut observer cette dimension d'une quête désintéressée de l'Absolu. Il n'a jamais fait allusion, autant que je sache, à un privilège, de l'argument d'un héritier de Serigne Touba : il prônait toujours la perfection, le détachement. Son attrait si remarqué pour les écrits de Serigne Touba en est entre autre une preuve. Attraction et distance, Serigne Saliou incarnait l'une est l'autre, toujours réticent aux portes de la facilité. Aujourd'hui, la distinction du postulant (murid) et du renonçant (mariid) s'est banalisé au point que le renonçant (mariid) semble incarner le postulant (murid). Actuellement, le renonçant (mariid) signifie, en effet, en vertu d'un axiome de paresse, le libre passage de tous les courants d'air qu'il vous suffit de suivre pour avoir le titre de postulant (murid). Une interprétation aussi laxiste du murid devrait faire horreur à Serigne Saliou au point qu'il dira "je vous rappelle la réhabilitation de la Tarbiyyah... A chaque fois qu'on lui amenait un enfant, Serigne Touba disait, éduquez le, donnez lui l'instruction, et qu'il fasse le travail un crédo.", ce que Serigne Saliou n'a jamais trahi, disant " je réitère cela dans mes daaras". Durant toute son existence, il est resté sur les spécifications de Serigne Touba. On ne saurait l'accuser d'avoir pratiqué une autre vision. Il est parti avec cette fidélité.. Avec lui, nous avons redécouvert la Tarbiyyah au goût de Serigne Touba .
Auteur: Mouhammadou Moustapha Diop

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