Le 11 Novembre 1902, Cheikhoul Khadim, auréolé de
gloire débarquait sur le port de Dakar, après presque
huit ans d’exil dans les terres hostiles de l’Afrique
centrale. Ce fut son frère et disciple Mame Cheikh Anta
MBACKE qui eut l’immense privilège de monter à bord
du bateau qui le ramenait pour l’accueillir et
l’accompagner à terre où l’attendait une foule délirante
de talibés.
Mame Cheikh Anta MBACKE alla ensuite attendre son
Maître à Darou Salam. Pendant que celui-ci effectuait
un périple qui allait le conduire tour à tour à Louga, à
Baridiam, Sanoussy, Mbacké Kajoor, Il préparait pour
lui un accueil digne des « Mille et Une Nuits ». Cheikh
Ahmadou Bamba n’arriva à Darou Salam que le
vingtième jour du mois lunaire de shawwal.
Ce n’est pas hasard si Darou Salam a été choisi pour abriter les festivités devant marquer le
retour de Cheikh Ahmadou Bamba à la tête de sa communauté, une fois sa mission divine
accomplie avec succès.
En effet, Darou Salam est le premier sanctuaire qu’il a fondé pour le service de Dieu. Ensuite
dès qu’il a foulé le sol de la patrie à son retour d’exil, il a puisé dans le Coran l’inspiration
divine qui lui a indiqué que c’est à Darou Salam que devaient se tenir les cérémonies marquant
son retour couronné de l’agrément du Maître du Trône.
Pour Mame Cheikh Anta, rien ne fut trop beau pour marquer l’événement et pour matérialiser
sa propre reconnaissance à Dieu pour lui avoir rendu son frère et maître spirituel. La
communauté qui retrouvait dans une joie indescriptible son guide ne fut pas en reste.
Un extraordinaire tapis rouge que Mame Cheikh Anta avait acquis à grand frais pour la
circonstance fut déroulé sous les pas de Cheikhoul Khadim, avec, de chaque côté, une haie
d’honneur au bord du délire.
Le Saint Coran fut lu au moins sept mille fois. Pendant toute la durée du séjour de Cheikhoul
Khadim à Darou Salam, chaque jour on immola quinze bœufs, quinze béliers ainsi qu’un
nombre incalculable de poulets. Même les vautours attirés par les énormes quantités de
viandes eurent leur part : on leur jeta en pâture quinze ânes sacrifiés à leur intention.
Au cours de ces journées, toute forme de bétail licite avait été immolée, même des chameaux.
L’enthousiasme et l’extase spirituelles s’étaient emparés des disciples à un point tel qu’à un
certain moment l’un d’entre eux du nom de Mbaye KAMARA s’offrit à être immolés car il avait
constaté que, pour honorer Khadimou Rassoul, on avait tout sacrifié sauf un être humain. Bien
entendu on n’en arriva pas là. D’ailleurs Serigne Touba n’aurait pas laissé faire.
Cependant il fut très sensible de la hauteur de la résolution qui avait fait germer une telle
intention. Il agréa donc l’intention de Mbaye KAMARA mais interdit qu’à l’avenir qu’une telle
idée puisse germer dans l’esprit d’un homme.
La réception de Darou Salam fut la première festivité d’envergure, le premier magal du
mouridisme. Depuis, la tradition est perpétuée chaque année avec toujours plus de ferveur et
plus d’enthousiasme en signe de reconnaissance à Allah d’avoir permis le retour triomphal de
Khadimou Rassoul parmi les siens, après mission accomplie.
Puisse Dieu nous donner l’opportunité de célébrer plusieurs années encore cet important
événement de la vie de la communauté mouride.


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